Enfoiré de Téchiné
Je suis sorti du cinéma et il pleuvait. Merde je me suis dit. Je suis sorti du cinéma et il pleuvait. Il pleure dans mon coeur comme il pleut sur la ville je me suis dit. J'ai attendu un instant et je me suis dit qu'il n'arrêterait pas de pleuvoir. Alors j'ai traversé ces larmes urbaines dans la nuit. J'ai traversé ces larmes l'âme chavirée par le dernier film de Téchiné. Enfoiré de Téchiné. Je me suis dit que ces deux garçons qui se battent s'effleurent se méprennent laissaient béante ma propre adolescence. Que j'aurais voulu tellement voulu moi aussi battre méprendre effleurer. Je me suis revu dans la cour du lycée sur les bords d'un lac au crépuscule dans un jardin public surplombé d’immeubles les pieds glacés par les remous d'une rivière de montagne seul. Seul. Alors j'ai vu le trottoir humide de mes larmes et de la pluie. Ça fait mal je me suis dit. Ça fait triste, triste comme une chanson d'Alex Beaupain. Je me suis dit.